
La nature pensée et écrite par les savants au XVIIIe siècle: mon projet de thèse s’est construit autour de la notion d’inconnu scientifique, d’abord envisagée très strictement (ce qui n’était pas du tout connu, ce que l’on découvre ex nihilo), puis repensée à partir d’objets de diverses natures, soit nouvellement découverts, soit « connus » au sens général et non spécialisé du terme, mais investis à nouveaux frais par une science naturelle gagnant en technicité et en précision, au XVIIIe siècle. Les coquillages et les fossiles, par exemple, intégraient depuis longtemps les cabinets de curiosité sans qu’on se soit réellement interrogé, d’un point de vue expérimental, sur leur nature. Un langage basé sur des apparences, des ressemblances, véhiculait certaines croyances au sujet de l’origine et des caractères de ces productions. Les réexaminer, c’était à la fois faire le point sur ces légendes, et forcer le regard à voir autre chose que les illusions qui le séduisaient jusque-là. Qu’advient-il, dans ce processus, du charme que peut exercer le potentiel « merveilleux » de la nature, y compris sur un esprit parfaitement rationnel? Comment contemple-t-on la nature à partir du moment où on la réduit à de purs faits?
Menée d’abord en suivant les différentes théories du langage et de la description au XVIIIe siècle, puis appliquée à différents cas d’objets problématiques, cette étude interrogeait majoritairement des textes savants du XVIIIe siècle, issus des Mémoires de l’Académie Royale des Sciences et de quelques fonds manuscrits. Ils croisaient toutefois la pensée de certains grands écrivains-philosophes du temps – Buffon, Diderot, Bernardin de Saint-Pierre, par exemple. Ce travail constitue la base d’une réflexion que j’ai approfondie depuis en me tournant vers l’inconnu stricto sensu, celui découvert par la science microscopique, notamment, et en m’intéressant aux classifications.
Quelques publications
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Les Beautés de la nature à l’épreuve de l’analyse, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2009.
- Avec Adrien Paschoud (direction d’ouvrage), Penser l’ordre naturel 1680-1810, SVEC 09:12, Oxford, Voltaire Foundation, 2012.
- *« L’ordre naturel : lecture ou construction ? », présentation générale de Penser l’ordre naturel 1680-1810, Adrien Paschoud et Nathalie Vuillemin (dir.), Oxford, SVEC 09:12, Oxford, Voltaire Foundation, 2012, p. 1-35.
- *« (D)écrire la nature au XVIIIe siècle: de l’ordre du visible à l’ordre de la représentation », Archives des Sciences, 2010 (2011), 63, p. 93-102. [En ligne]
- *« Hydres de Lerne et arbres animés : fantasmagories savantes autour du polype », in Jacques Berchtold et Jean-Luc Guichet (dir.), L’animal des Lumières, Dix-huitième siècle, n° 42, 2010, p. 321-338. [En ligne]
- « L’écriture encyclopédique d’Albrecht von Haller », in Jean-Daniel Candaux, Alain Cernuschi et al. (dir.), Albrecht von Haller zum 300. Geburtstag, Cahier thématique de la Société Suisse d’Etude pour le XVIIIe Siècle, n°1, 2008, p. 77-96. [pdf]
- « Plaisir du regard et connaissance chez quelques naturalistes du XVIIIe siècle », in Patrick Chézaud, Lawrence Gasquet, Ronald Schusterman (dir.), L’Art de plaire : esthétique, plaisir, représentation, Saint-Pierre de Salerne, Gérard Monfort, 2007, p.179-190.
- « De deux regards sur la nature : le savant face à l’artiste dans les « arts d’observer » de Benjamin Carrard et Jean Senebier », in Françoise Gevrey, Jean-Louis Haquette, Julie Boch (dir.), Écrire la Nature au XVIIIe siècle. Autour de l’Abbé Pluche, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, 2006, p. 189-205.
Image: Sébastien Le Clerc, Claude Perrault à l’Académie des sciences, Mémoires pour servir a l’histoire naturelle des animaux (1676).