La nature des savants

La nature pensée et écrite par les savants au XVIIIe siècle: mon projet de thèse s’est construit autour de la notion d’inconnu scientifique, d’abord envisagée très strictement (ce qui n’était pas du tout connu, ce que l’on découvre ex nihilo), puis repensée à partir d’objets de diverses natures, soit nouvellement découverts, soit « connus » au sens général et non spécialisé du terme, mais investis à nouveaux frais par une science naturelle gagnant en technicité et en précision, au XVIIIe siècle. Les coquillages et les fossiles, par exemple, intégraient depuis longtemps les cabinets de curiosité sans qu’on se soit réellement interrogé, d’un point de vue expérimental, sur leur nature. Un langage basé sur des apparences, des ressemblances, véhiculait certaines croyances au sujet de l’origine et des caractères de ces productions. Les réexaminer, c’était à la fois faire le point sur ces légendes, et forcer le regard à voir autre chose que les illusions qui le séduisaient jusque-là. Qu’advient-il, dans ce processus, du charme que peut exercer le potentiel « merveilleux » de la nature, y compris sur un esprit parfaitement rationnel? Comment contemple-t-on la nature à partir du moment où on la réduit à de purs faits?

Menée d’abord en suivant les différentes théories du langage et de la description au XVIIIe siècle, puis appliquée à différents cas d’objets problématiques, cette étude interrogeait majoritairement des textes savants du XVIIIe siècle, issus des Mémoires de l’Académie Royale des Sciences et de quelques fonds manuscrits. Ils croisaient toutefois la pensée de certains grands écrivains-philosophes du temps – Buffon, Diderot, Bernardin de Saint-Pierre, par exemple. Ce travail constitue la base d’une réflexion que j’ai approfondie depuis en me tournant vers l’inconnu stricto sensu, celui découvert par la science microscopique, notamment, et en m’intéressant aux classifications.

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Les Beautés de la nature à l’épreuve de l’analyse, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2009.